jeudi 28 juillet 2011

District de Bamako






Quand le changement des
mentalités ne suit pas
le développement
 économique

Entre les nouveaux immeubles et villas de tous standings qui sortent de terre, comme des petits champignons, les ponts, les nouveaux échangeurs ou encore les larges chaussées qui s’étendent jusqu’en lointaines périphéries, sans oublier les parcs d’attraction et jardins publics, Bamako arbore visiblement l’aspect d’une ville en pleine expansion économique. Mais à côté de ce doux tableau, persiste un autre phénomène moins reluisant : l’incivisme généralisé.

Si vous avez résidé au moins 5 années  durant en dehors du pays, soyez sûr qu’au  retour, vous aurez de fortes chances de vous égarer quelque peu. En effet, non seulement les nouvelles concessions, qui sortent de terre à profusion, change le visage des grands artères, mais aussi les nouvelles routes goudronnées ont nécessité un nouveau plan de circulation, en particulier sur la rive droite (Bakô) du Fleuve Niger.

En ce qui concerne l’activité économique, il faut dire qu’elle a connu un essor assez significatif. Même si le pays, faut-il le préciser, a encore du chemin à faire pour atteindre la prospérité économique, force est de reconnaître que la ville de Bamako arbore l’allure d’une agglomération futuriste, assez agréable à visiter.

Le développement du secteur des télécommunications, avec Orange Mali et la SOTELMA (Société de télécommunication du Mali) qui ont étonnamment démocratisé le téléphone et internet sur toute l’étendue du territoire national, a permis à notre pays une plus large et fluide connexion avec l’international. La stabilité sociopolitique, les facilités fiscales, une meilleure accessibilité du pays grâce aux nouvelles technologies de la communication, un réseaux routier inter urbain des plus importants de la sous -région  constituent quelques uns des motifs ayant convaincu les entreprises nationales et internationales à investir davantage dans quasiment tous  les secteurs d’activités.

Parmi les secteurs porteurs, on retiendra entre autres l’industrie avec, à titre d’exemple, les deux usines de montage automobile construites en moins de 3 ans ; l’agriculture avec l’Office du Niger qui, après avoir bénéficié d’investissements colossaux et d’aménagements de territoires irrigables sans précédent, est pris d’assaut par les ressortissants des pays de la sous – région ; le BTP avec la construction des logements sociaux et de ponts et chaussées en chaîne ; l’élévage avec la construction de nouvelles usines de fabrications d’aliments pour bétails, d’engrais et de pesticides ; l’énergie avec la construction de plusieurs centrales électriques dont une solaire… 



L’activité socio-économique à Bamako est si intense que se pose avec acuité la question du centralisme économique et administratif dont souffre cette agglomération. C’est vrai que Bamako est un Mégapole, avec un rythme de croissance qui est le plus rapide d’Afrique et le 6ème du monde (selon Wikipédia). Avec une population estimée à plus 4 millions d’habitants ( si l’on compte les villages en périphérie), le District de Bamako mérite une restructuration administrative et urbaine digne de son essor économique. La constante surpopulation de son centre ainsi que le désordre ambiant qui règne au sein de son centre commercial, situé en plein cœur de la cité, sont la preuve de la nécessité d’une meilleure actualisation des principes généraux en vigueur dans la gestion de la ville des trois caïmans, où tout est centralisé.



Un autre problème auquel les usagers  de notre capitale sont confrontés concerne la circulation routière. En effet, du fait d’une multiplication vertigineuse des scooters DIAKARTA, le respect du code de la route a été totalement foulé au pieds. La méconnaissance totale des règles fondamentales du code de la route ou tout simplement leur non application, l’excès de vitesse, le non respect des signalisations horizontales... ont réduit le macadam au sauve-qui-peut ! En l’absence de pistes cyclables suffisamment larges, impossible de rouler sur la bande de droite, tant les usagers de DJAKARTA, filant en pleine allure sans casque, se permettent toutes les imprudences. Heureusement qu’il y a quelques policiers qui sont là pour réguler, autant qu'ils le peuvent, le trafic au niveau des carrefours et rond- points.

Pour résoudre ce problème des Djakarta, nous proposons aux autorités de doter les routes de pistes cyclables bien adaptées. De même, le port du casque est une mesure qui doit être obligatoire pour tous les usagers d’engin à deux roues. En fin, toutes les mobylettes avec un cylindre de 60cm de Diamètre, dépassant une vitesse maximum de 60 km/h, doivent être conduites exclusivement par des usagers ayant passé le permis de conduire équivalent. C’est cela la règle dans tous les pays du monde. Certaines mesures avaient été prises dans ce sens, mais nous ignorons à présent pourquoi l’Etat a renoncé à prendre ses responsabilités. Pourtant, il y va de la vie de milliers de jeunes et de la sécurité dans la circulation routière, indispensable dans toute société développée.



Si les autorités ne prennent pas les mesures préventives nécessaires, l’expansion démographique du fait de l’exode massif de populations rurales à la recherche de mains d’œuvres risque d’avoir raison du centralisme et de l’Etat de providence. Je suis d’avis que l’Etat doit non seulement prendre ses responsabilités mais également responsabiliser les populations. La modernité a un prix : c’est le civisme, la discipline, et la responsabilité. Si les populations ne font pas preuve de civisme et de respect envers les infrastructures réalisées, c’est à l’Etat de faire appliquer la loi.

Dans le cas du Mali, l’excès de sensibilisation a atteint un tel degré que d’aucuns parlent de laxisme et de fuite de responsabilité de la part des décideurs.  Pourquoi sensibiliser les populations à  ne pas jeter les ordures sur la voie publique, cela après cinquante ans d'indépendance ? A quoi sert le code de la route dans un Etat de droit ? doit-on passer le reste du temps à prier les conducteurs de Djakarta pour qu’ils mettent des casques ? y a-t-il un Malien qui ignore que l’occupation illicite des espaces publics est interdite ?

                                              Boubacar Mody Sacko

Aucun commentaire: