vendredi 14 septembre 2012

REFUS D'UNE INTERVENTION MILITAIRE DE LA CEDEAO AU MALI


La grosse erreur de casting du Capitaine Sanogo


L’on était déjà au fait que le gouvernement « de plein pouvoir » dirigé par Cheick Modibo Diarra devait entièrement son existence à l’activisme, à l’issue de trois semaines de cafouillage institutionnel, des hommes en armes de Kati. Une équipe composée de personnalités dont la compétence et les qualités intrinsèques  ne font l’ombre d’aucun doute. Mais force est de reconnaître que c’est une équipe qui dirige par procuration. Et la confusion a atteint un tel degré que si Cheick Modibo Diarra et le Capitaine Sanogo (les seuls maîtres à bord) ne jouent pas cartes sur table, nous sommes partis pour des mois de pérégrinations  dont nous n’avons pas encore fini de découvrir les répercussions sur l’échiquier national et international.

Cette cacophonie au sommet de l’exécutif malien est malheureusement la triste réalité réservée à tous les pays ayant connu un coup de force et dont les putschistes s’évertuent à s’accrocher, d’une façon ou une autre, au pouvoir. Sauf que dans ce cas précis, nous sommes face à l’urgence de sauver un pays menacé de partition. Et l’une des particularités de cette nouvelle donne  malienne  est que nous sommes en présence d’un pouvoir à plusieurs têtes. Les ministres et le président ne pesant presque rien face aux positionnements parano-nationalistes du tandem Cheick Modibo Diarra – Capitaine Sanogo.    

Le capitaine Sanogo, qui m’a pourtant tout l’air d’un garçon intelligent, obnubilé par son rôle du «  héros éternel », vient de faire preuve d’un amateurisme qui cache mal sa crainte bleue de voir accoster sur sa rive bamakoise un mâle autre que lui. Je comprends que l’homme a peur pour sa tête, tant il est vrai que tous les démons au sein même de cette armée malienne ne sont guère endormis. Sans oublier qu’aucun Etat de la sous-région ne veut et ne voudra d’un voisin, grand comme le Mali, aux ordres d’un conglomérat hétéroclite de politicards abonnés au banc de touche et  de soldats  sans aucune vision réaliste des relations internationales et des grands enjeux géostratégiques de l’heure. Mais de là à prendre une position publique contre la venue de troupes terrestres de la CEDEAO, après six (6) mois d’occupation du tiers du territoire national, nous pensons que l’homme a allégrement franchi le point de non retour.   

Car, tous les observateurs qui suivent de près cet imbroglio politico-militaire sont convaincus que vu la complexité d’une éventuelle intervention sur le désert malien, seulement un Etat ( le Niger ) de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest( CEDEAO) est disposé à venir porter mains fortes à l’armée malienne. Aucun des 13 autres pays membres n’a réellement la volonté de s’avancer dans ce bourbier.

En agissant de la sorte, le Capitaine Sanogo et ses défenseurs, désormais victimes de la déferlante de paranoïa qui fait des ravages chez nos compatriotes peu pourvus en lucidité, donne un argument plus que crédible aux responsables de l’organisation sous-régionale de ne pas envoyer de troupes au Mali.

Au lieu de penser à sa propre tête, à son confort et sa « grandeur », le soldat Sanogo ferait mieux de créer les conditions pouvant inciter les pays voisins à venir porter mains fortes aux troupes maliennes. Ce qui se passe au Mali est hallucinant, inimaginable.  Un pays  privé de la majeur partie de son territoire national et dont l’armée a été défaite et volée en éclat, s’offre le luxe de refuser le déploiement d’une force internationale de secours.   
Par cette prise de position, « l’homme fort » du Sud - Mali endosse de façon historique la responsabilité de tout enlisement dans cette crise. Les générations futures apprendront que le capitaine Haya, fort de son pouvoir (au sud du Mali) a refusé d’accepter les pays frères afin qu’ils viennent sauver ce qui s’appelle aujourd’hui le Mali.

La situation actuelle de notre cher pays ressemble étrangement à une maison inondée. Une maison dans laquelle des militaires, après avoir parvenu à se percher dans un arbre, refusent d’abandonner leur confort, de peur de se faire mouiller, de mettre la main à la pâte . Arguant des prétextes tout à la fois mensongers que mégalomanes  face aux regards désespérés des autres membres de la famille qui, eux, assistent impuissants à la montée du déluge.  Que Dieu sauve le Mali !

 

                                                            Boubacar Mody Sacko

  

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