dimanche 8 avril 2012

RETOUR A UNE VIE CONSTITUTIONNELLE NORMALE

LA BALLE EST DANS LE CAMP DE LA CEDEAO




                                      


Finalement le bon sens et l’esprit patriotique auront prévalu sur tout le reste ! Amadou Haya Sanogo dont il convient de saluer le geste, quelles qu’en soient les raisons qui l’ont motivé (ce sont des détails), en acceptant de céder le pouvoir aux civiles, permet à tout un peuple de pousser un grand ouf de soulagement ! On peut enfin affirmer, sous réserve de l’évolution des négociations au niveau Ouest-africain, qu’après avoir été assombri par les pires perturbations de sa jeune histoire, le ciel malien commence à afficher des signes tangibles de clémence.

Pour autant, la situation dans laquelle nous vivons est loin d’être reluisante. Près des trois quarts (3/4) du territoire national sont occupés par des Bandits armés et autres islamistes. Aujourd’hui, les braves et paisibles populations de Gao, Kidal et Tombouctou subissent en continue viols, vols, humiliations,… et toutes les autres formes de persécutions !  cela sans que l’armée régulière n’ait ni la volonté, ni la capacité d’intervenir pour sauver le moindre brin de cheveux.

De même, nous vivons dans une république où l’armée, après avoir mis fin à un processus démocratique, s’est installé sur le trône pour, ont – ils affirmé, mâter la rébellion et rétablir l’Etat. Mais grande fut la stupéfaction des citoyens de constater que nos soldats, au moment où ils devraient livrer bataille pour défendre les trois plus grandes villes du nord (Kidal, Gao et Tombouctou), refusèrent de se battre, abandonnant bagages, canons, fusils et munitions à l’ennemi. Cela en arguant le fallacieux et honteux prétexte du « manque de munitions ». Comment et comment allons-nous être lavés de ce douloureux et ultime affront ? Comment revigorer les ardeurs d’une armée qui a complètement perdu toute confiance en elle-même ? là résident quelques interrogations dont la réponse n’est pas pour demain !

En ce qui concerne l’aspect politique, c’est le moment pour nous de saluer, sur cette tribune, la disponibilité et l’accompagnement des frères de la CEDEAO. En particulier les autorités du Burkina Faso sans qui, le Mali était parti pour des décennies d’aventure, même si l’on peut déplorer l’embargo de trois jours dont les populations ont été les seules victimes. Une solution  cent pour cent africaine à un problème africain ! souhaitons que cela soit le début d’une nouvelle ère.

La principale conclusion de ces concertations interafricaines a été l’accord politique dont le chef de la junte Amadou Sanogo a bien voulu signer devant les cameras des télévisions du monde entier. Cet accord politique qui permettra de mettre ce pays sur les rails de la légalité constitutionnelle, pour avoir tout son  sens, doit être judicieusement et scrupuleusement appliqué. N’oublions pas que son application rigoureuse ouvrira la voie à une possible intervention des troupes de la CEDEAO( Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest) sur notre sol. Pour ce faire, Dionkounda Traoré qui est un homme du sérail doit se transcender en se mettant au dessus des calculs politiciens, des petits arrangements entre copains de même obédience politique… le futur premier ministre, à qui il reviendra la lourde tâche de l’organisation des élections, ne doit pas être un homme d’appareil. Je le vois comme étant un homme ou une femme d’une grande personnalité ayant un certain renommé à l’international aussi bien qu’au niveau national. Un patriote à poigne, un Malien dont la réputation d’honnêteté ne fait l’ombre d’aucun doute. Ceci est d’autant plus important que, dans une phase comme celle que le Mali traverse, l’image est d’une portée de premier ordre. 

Par ailleurs, faut-il le noter, dans leur grande majorité, les Maliens demeurent convaincus que la seule et unique issue  susceptible trouver une solution pérenne à cette occupation du territoire malien, reste l’intervention de cette force ouest-africaine. Une telle force de frappe doit être dotée de moyens financiers, technologiques, logistiques et humains assez conséquents pour mener à bien sa mission ! il ne faudra donner à cette rébellion aucune chance, aucun argument de combat, sinon lourdes seront les conséquences si toutefois les combats devraient s’éterniser des mois et même des années durant  !

Or, il se trouve que les enjeux géopolitiques et stratégiques sont si importants que la réalisation de ce projet sous-régional est tout sauf une gageur.
Les Etats de la CEDEAO ne disposant pas de moyens financiers suffisants pour soutenir l’effort de guerre, c’est à la France et aux Etats-Unis de prendre en charge le volet logistique (transport, communication…). Et quand on sait que la France a toujours eu du mal à cacher son soutien aux différentes rébellions touaregs,  lorgnant sur les richesses supposées du sous-sol de cette région, on peut être sûrs que ce pays va sortir tous les arguments « droit de l’hommistes »  pour retarder  l’échéance le plus tard que possible. Sans oublier que la France de Sarkozy a clairement conditionné sa contribution à l’amorce d’un certain processus de négociations avec les assaillants. Négociations pour combien de temps ?

Un autre facteur, dont la complexité nous retient à ne pas se laisser aller dans un optimisme béat quant à un probable débarquement des troupes ouest-africaines, concerne le manque de coordination et de planification d’une telle force entre pays africains ! quels sont les matériels de guerre adéquats dont ce genre de combat (il s’agit du désert) nécessite ? quel pays prendra la direction des opérations et du commandement ? le Nigeria étant en proie à des conflits interethniques.  Tous les Etats sont- ils partisans d’une intervention militaire… ? Espérons que l’urgence de la situation fasse comprendre aux uns et aux autres qu’il s’agit, au-delà du Mali, de la sécurité de toute la sous-région. Faute de quoi le temps écoulé risque d’être mis à profit par les islamistes, qui semblent désormais prendre le dessus sur le terrain, pour peaufiner leur positionnement.

Mais tout ceci ne sont que des hypothèses, et le moins que l’on puisse espérer est, qu’entre temps, les différents groupes armés islamistes et séparatistes continuent de se battre entre eux. Un tel scénario pourrait créer les conditions propices à une opération d’envergure de l’armée malienne au grand soulagement de toute la communauté ouest africaine. Que Dieu guide le Mali. Que Dieu guide l’Afrique


                                                                Boubacar Mody Sacko



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